Alain-Claude Sulzer

Présence durant l'édition :

2022

Alain Claude Sulzer est né en 1953. Il vit à Bâle. En 2008, Un garçon parfait s’est vu décerner le prix Médicis étranger. En France, tous ses romans ont paru aux éditions Chambon. L’auteur est francophone.

 

Les vieux garçons (Chambon)

2022 marque le bicentenaire de la naissance d’Edmond de Goncourt. Rivalisant avec les frères Goncourt dans le naturalisme qu’ils avaient inventé avec La Fille Élisa, Alain Claude Sulzer décrit avec crudité l’aventure que leur Journal n’évoque que très brièvement. Cette approche ambitieuse et originale, consistant à creuser la matière d’une œuvre au lieu d’en faire l’exégèse ou d’en retenir l’anecdotique, renouvelle complètement le genre de la biographie littéraire en y trouvant matière à un roman. Il choisit un angle à la fois plus intimiste – la maladie et la mort de Jules – et plus littéraire : comment les frères ont su tirer de la (double) vie de Rose, leur nourrice et bonne, la matière du roman Germinie Lacerteux. Avec une délicatesse empathique, Alain Claude Sulzer nous fait revivre la lente décrépitude de Jules qui, ayant contracté la syphilis à 20 ans dans une maison close, en meurt à 39, dans un abandon du corps, mais surtout dans le naufrage de son intelligence et de son talent de créateur. Car le cadet de la fratrie, psychologue avant la lettre, voulait rendre la moindre nuance de l’âme des personnages de leurs romans, comme il voulait dresser le tableau le plus pointu du monde littéraire de leur époque dans leur Journal. Aphasique, luttant en vain contre sa perte de mémoire progressive, jusqu’à l’oubli des mots plus simples, il essaie de cacher à son frère sa détresse pour ne pas l’alarmer, tandis qu’Edmond tente, lui, de minimiser les choses. Refusant d’abord de reprendre la plume tombée des mains de son frère, Edmond se décidera cependant à continuer le Journal pour perpétuer leur œuvre commune, comme si cela pouvait empêcher Jules de mourir tout à fait. Cet amour fraternel, aussi touchant qu’héroïque, contraste avec les amours débridées de Rose, que les frères ne découvrent qu’à sa mort, avec stupéfaction. Elle mourra couverte de dettes contractées au nom de ses maîtres. Mais ce qui frappe le plus les frères, c’est de découvrir qu’on peut vivre à côté de quelqu’un pendant des années sans se douter un seul instant de ses vices et de sa détresse.

 

(Photo © Julia Baier)

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