Depuis des millénaires, les femmes perdent un peu de sang chaque mois, de la puberté à la ménopause. Le phénomène reste pourtant largement inexpliqué et, aujourd'hui encore, méconnu. L'heure est-elle venue de changer les règles ? La révolution menstruelle, en tout cas, est en marche. Et ce sera probablement la première au monde à être à la fois sanglante et pacifique.

La condition des femmes est aujourd'hui encore soumise au tabou qui pèse sur les règles : ce signe ordinaire de la vie fertile se vit en effet toujours dans la honte. Les maladies ou les troubles qui lui sont liés sont peu ou mal soignés et les multinationales continuent de vendre à prix d'or des protections périodiques souvent gorgées de résidus toxiques. Les superstitions les plus folles et les fictions les plus délétères accompagnent depuis toujours ce phénomène qui constitue pourtant l'alpha et l'oméga de la condition des femmes : l'instrument par lequel elles ont été à la fois divinisées et instrumentalisées.

Dans l'histoire des femmes – et donc de l'humanité – cette question n'a été que peu abordée. « Si l'homo sapiens a trouvé mille parades pour se protéger du froid, de la faim, de la maladie ou des aléas de la nature, s'il a su explorer et coloniser toutes les terres, voyager dans l'univers et inventer des armes sophistiquées pour s'entre-tuer, force est de constater qu'il est resté, concernant les règles, comme frappé de stupeur. » C'est pourquoi, de manière à la fois documentée, pédagogique, drôle et décalée, Élise Thiébaut nous propose d'explorer les dessous des règles. À partir de son histoire personnelle, elle nous fait ainsi découvrir les secrets de l'ovocyte kamikaze et de la mayonnaise, plonger dans les mystères d'Artémis et dans les luttes des Femen, assister à la naissance d'un tampon, observer les usages étranges que la religion a parfois faits du sang menstruel. Et bien d'autres choses instructives sur ce fluide dont la transformation aujourd'hui pourrait nous sauver la vie. (Editions La Découverte)