3. Histoires

Marie-Hélène Lafon est fille de paysan, elle a grandi dans le Cantal, au bord d'une rivière qui a pour nom Santoire.
Partie étudier le latin et le grec à Paris, elle empoigne l'écriture à 36 ans, se met à l'établi comme elle aime à le dire.
Dans son recueil de nouvelles, intitulé Histoires elle donne vie à des êtres qui ont du corps, elle donne à voir, à toucher, à goûter, à écouter, à respirer, le verbe se fait chair.
Ses textes sont des litanies, des labours, des semences, des enfantements. Marie-Hélène Lafon gratte, charpente, défriche, fourmille.
Son travail d'écriture trace des sillons, en profondeur, jusqu'à la racine, il est patient, inépuisable.
Ce qu'elle appelle ses chantiers, c'est la substance, "la viande, c'est vivenda, de vivre, c'est ce qui sert à vivre, c'est le vivant, la matière même du monde, avec les arbres, l'échelle, la grand-mère, le rôti, le pré gras, la fille, le garçon, les beaux fruits, la ferme louée, la balançoire, le vent, le bleu, la Sorbonne, le pensionnat, l'espalier, et tout le reste".
Le père, la mère, les soeurs, Antoine, Roland, Jeanne, Yvonne, Germaine, Berthe, et tous les autres rencontrés dans les entrailles de ces Histoires me font face, je suis en territoire connu, en parenté avec ce monde-là.
Je vous remercie Marie-Hélène Lafon d'avoir mis en mots ce lieu des origines "ses silences, son écrasement, ses douceurs, ses grâces têtues, sa mort longue, sa vaillance"