Quelle force dans ce récit tranchant, puissant mais avec toute la tendresse dont Lyonel Trouillot irrigue son écriture. Nous y suivons la Bande des cinq, gamins élevés par le quartier du Grand Cimetière, à l'ombre des morts, sous l'aile protectrice de Man Jeanne. Ils tentent de croître dans la beauté et la violence de la résistance. Résistance à l'occupation américaine, à l'occupation des ONG, à l'occupation des pensées et des corps.
Ils sont là, sur les bordures de trottoirs, à attendre cette fête de la liberté qui ne vient jamais. La fête, c'est pour les riches et les fonctionnaires internationaux au bar, le Kannjawou, et la liberté pour personne. La Bande des cinq veut s'en sortir. Mais, peut-on s'en sortir sans fuir, sans renier ni abandonner ?
Trouillot signe ici un récit charnel qui colle à nos muscles et à nos poumons comme la poussière des rues. Un livre pour libérer nos âmes occupées, elles aussi.