6. Percussions

Ce premier roman se signale par un style personnel, original, parfaitement maîtrisé, et commence bien : "Je suis l'écorce d'un arbre contre ma main nue, au fond du verger de mon enfance."
Des moments de vie forment un récit tendu qui révèle au final une construction rigoureuse. Au chevet de sa soeur plongée dans le coma, un homme se souvient de scènes de son existence, au travers de sensations auxquelles il s'identifie - elles le constituent. Ne sommes-nous pas l'addition des instants de notre vie ? A cet égard, un roman existentaliste, en quelque sorte La nausée sans la théorie ! Dans l’esprit d’un homme jeune du 21e siècle…
Ou comment le narrateur cherche la réponse à une question posée par sa sœur quelque temps avant son accident. Une réponse composée par le puzzle de ces instants vécus qui imperceptiblement nous font devenir nous-mêmes.
Ce bref roman lucide et attachant se termine bien aussi : "Je suis le poids du corps de mon neveu sur mon dos. (...) Dans le silence, je suis le poids de ce corps sur moi, une vie sur mon dos, j'existe tout entier dans cette pesanteur, et je garde les yeux ouverts."
Sa publication constitue la récompense du Prix Georges-Nicole, qui couronne en 2016 le manuscrit de Matthieu Ruf.
Né en 1984, blogtrotter de L’Hebdo puis journaliste, il a obtenu un Master en pratiques artistiques contemporaines (littérature) à la Haute Ecole des arts de Berne. Co-fondateur du collectif d’auteurs AJAR, il participe à des projets d’écriture et de performances et s’adonne au chant lyrique.