Écrire devient rencontrer

Chaque semaine, un auteur nous raconte son Livre sur les quais.

Un nom : le mien ; une chaise, le lac en guise de décor et devant moi mes livres. Je m’assieds timide. Jouer avec ma plume en me demandant si elle va servir. Prendre conscience du lieu, saluer les auteurs, regarder déambuler les passants. Se dire qu’il y aurait tant à écrire sur ces vies qui défilent. Dans ma rêverie, je n’ai pas vu la dame qui se saisissait de mon ouvrage. Elle le retourne, lit silencieusement le quatrième de couverture. Quand ses yeux croisent les miens, elle me demande si je peux le lui dédicacer. Je lui souris et laisse courir l’encre sur le papier. Une première rencontre, qui en amène d’autres. Des heures d’échanges, de rires, d’anecdotes. Des bénévoles qui vous choient, complètent les piles, vous tiennent compagnie un instant. Passer de l’autre côté de la table, se balader dans les allées, faire signer un livre, un second, puis tant, que les bras en deviennent lourds. Se réjouir des moments de lectures futurs. Écouter les auteurs ; parler à son tour. Signer encore, laisser partir ses héros avec des inconnus. Espérer qu’on les aimera.

Le soleil décline, la tempête se lève. La tente se vide. Rester encore un peu. Savourer le moment. Écrire. Travail solitaire. Écrire pour être lue.

À Morges, sur les quais, écrire devient rencontrer.

Abigail Seran