J’ai peur de l’orage
Chaque semaine, un auteur nous raconte son Livre sur les quais.
J’ai peur de l’orage. Voilà, c’est dit.
La brontophobie. C’est le joli nom que porte cette crainte démesurée et quelque peu enfantine qui m’assaille au moindre coup de tonnerre. Ce type d’intempéries provoque chez moi un sentiment d’insécurité tel, qu’il me donne juste envie de me recroqueviller dans un coin en attendant que ça passe.
Comme il vaut mieux connaître ses ennemis, et anticiper leurs frappes, je suis devenue une experte en la matière. Je sais parfaitement détecter les signes annonciateurs d’une « dégradation orageuse » et surtout, je ne manque jamais de consulter la météo avant toute activité de plein air.
L’année dernière, j’ai participé pour la première fois au « Livre sur les quais ». Et le souvenir que j’en garde est un souvenir… d’orage. Bien sûr, je n’ai pas oublié la gentillesse des organisateurs, les rencontres, les échanges avec le public et les auteurs. Tout ce qui fait que j’ai aimé ce salon et que je suis impatiente d’y retourner. Mais dans mon esprit phobique, l’image qui reste accolée à cet événement est celle d’un éclair, zébrant le ciel morgien à la verticale au-dessus du lac Léman.
J’étais arrivée sur le salon le samedi après-midi, sous un beau soleil, et la météo prévoyait des orages en fin de journée. Entre deux signatures, j’ai guetté les fameux signes annonciateurs et tendu l’oreille à chaque fois qu’une discussion s’orientait sur « la chaleur lourde » ou « l’orage de la veille ». En fin d’après-midi, lorsque j’ai quitté le salon et que j’ai longé le lac en direction de mon hôtel, les cumulonimbus pointaient déjà leurs nez.
C’est donc avec une certaine angoisse que je suis arrivée à la soirée des auteurs, dans la cour du Château de Morges. Un buffet à ciel ouvert, c’était une très belle idée, sauf que… Ça a commencé par la pluie, et les grondements se sont fait entendre, d’abord éloignés puis de plus en plus proches. J’ai essayé de rester digne aussi longtemps que possible, de garder un air détaché en dégustant mes petits fours. Mais j’ai fini par craquer et je suis rentrée à l’hôtel, un peu honteuse.
C’est sur le chemin que je l’ai vu. L’éclair au-dessus du lac. En toute objectivité, c’était un spectacle magnifique. En toute subjectivité, j’ai fermé les yeux pour ne plus le voir.
Du 5 au 7 septembre, si le temps est à l’orage du côté de Morges, peut-être aurez-vous une pensée pour moi…
Catherine Locandro
(Photo © David Ignaszewski - Koboy)