Le polar et le roman jeunesse en mode majeur

En 1968, un vocable apparaissait, claquant comme un coup de fouet, polar. Depuis, ce diminutif un brin ironique au départ, dans la lignée des mots en ar (anar, routard, nanar), a presque escamoté "roman policier" dans le langage courant. Une révolution sémantique à mettre en parallèle avec la création ou le développement de sous-genres plus ciblés, du néo polar au polar historique pour faire court.
Le même type de phénomène touche à son tour le roman jeunesse, domaine aux frontières floues. Ainsi ce genre générique évolue, bouge, s’impose sous diverses étiquettes : jeunesse, ado, Young Adult, adulescent. Merci, Harry Potter. Il s’impose encore sous le label "romans d’anticipation dystopique". Merci, Katniss Everdeen (Hunger Games).
Si Le Meilleur des mondes, d'Aldous Huxley, et La Guerre des salamandres, de Karel Čapek, datent des années trente (à l’époque on parlait de romans visionnaires ou de S.F.), c’est bien le triomphe planétaire des grandes sagas de la littérature jeunesse qui ont amené la dystopie dans les dictionnaires (1).
Heureuse coïncidence, le polar et le roman jeunesse, dans tous leurs états, seront particulièrement en vedette cette année à Morges. Précisons encore que les deux genres parfois se confondent  comme dans A découvert de Harlan Coben, Theodore Bonne, enfant et justicier, de John Grisham ou Panthère de Carl Hiaasen. De grands auteurs qui respectent leurs lecteurs.

Bernard Chappuis

 

1) Dystopie de l'anglais dystopia, composé du préfixe grec dys, mauvais, difficile, erroné et du radical d'origine grecque, τόπος (topos : « lieu »), in Wikipédia. Une contre utopie en quelque sorte.