Une croisière littéraire

Ce grand bateau blanc de la Compagnie Générale de Navigation qui attend, là, au bout de la jetée, ça rappelle tout d’un coup qu’un quai, c’est pas fait que pour flâner, un livre à la main, à la recherche du meilleur banc pour pouvoir jeter un œil entre deux phrases à tout ce paysage ouvert devant nous: un quai, c’est aussi fait pour prendre le large.

Alors, une fois le pied posé sur le pont, commence un voyage posé sur un autre voyage, comme souvent quand on lit, dans le train, dans l’avion, dans une chambre d’hôtel au bord de la mer. Là, pendant que le lac avec toutes ses montagnes derrière et toutes ses montagnes dedans défile autour de nous, ce n’est pas le livre qui nous entraine dans son ailleurs à lui, c’est son auteur.

Bercés par les flots, on se laisse porter par cette voix, par ces voix, qui nous parlent de ces mots qu’on a lus, de ces mots qu’on aimerait lire. De temps en temps, le paysage mobile se glisse entre les répliques, met les voix à l’écart, tout doucement, les laisse revenir sans qu’on ait le moins du monde l’impression d’avoir perdu le fil. Le Léman tout entier fait maintenant partie de la naissance de ce livre qui nous est racontée.